La célèbre punition « file dans ta chambre » désormais interdite aux parents

files dans ta chambre

Depuis quelques semaines, les professionnels de la petite enfance débattent au sujet d’une décision qu’envisage de prendre le Conseil de l’Europe. Provoquant de nombreux tollés dans le domaine de la parentalité, la mesure vise à interdire aux parents de punir leurs enfants en prononçant ces mots « file dans ta chambre ». Jugée violente par certains pédopsychiatres puis nécessaire par d’autres psychologues pour enfants, on vous dit tout sur cette méthode éducative basée sur l’isolement.

Quelles sont les vertus de la punition « file dans ta chambre » ?

Prisée depuis des décennies par de nombreux parents d’enfants récalcitrants à l’obéissance, la formule magique « file dans ta chambre » avait jusqu’alors pour avantage de faire disparaître un litige, le temps que chacun reprenne ses esprits.

Reporter la résolution d’un conflit en isolant un enfant permettait en effet de calmer les frustrations des enfants comme des adultes, avant d’en discuter ultérieurement, plus sereinement.

Pourquoi la punition « file dans ta chambre » est-elle remise en question ?

Les adeptes de cette méthode éducative aujourd’hui controversée vont désormais devoir trouver des alternatives à cet ordre jugé trop violent pour nos bambins. Si les résultats de la méthode ont porté leurs fruits jusqu’ici, les acteurs de l’éducation positive et non violente la considèrent désormais comme humiliante et envisagent de l’interdire.  

Des violences éducatives dénoncées par le Conseil de l’Europe

Encouragé par de multiples associations de protection de l’enfance, le Conseil de l’Europe, qui préconisait ces 15 dernières années le recours à la punition « file dans ta chambre », a finalement changé d’avis. Considéré comme violente et néfaste par certains, cette réplique qui a mis fin à tant de conflits, risque de rejoindre les rangs du bonnet d’âne et de la fessée.

Interdites par la loi depuis 2019, ces sanctions d’un autre temps sont désormais qualifiées de violences éducatives ordinaires et leur utilisation peut être sévèrement sanctionnée.

Une injonction qualifiée de « folie psychique »

D’un point de vue psychologique, certains professionnels voient en la sanction « file dans ta chambre » une pure folie psychique. Ils rapportent qu’isoler un enfant le fait se sentir nié et que l’injonction à rejoindre sa chambre peut être vécue comme une humiliation terrible.

Pire, d’après l’éducatrice de jeunes enfants Christine Schul « laisser seul quelqu’un qui va mal est une sanction psychique inouïe ».  

Les psychologues pour enfant sont-ils contre la punition « file dans ta chambre » ?

Au sujet de cette sanction, les avis sont mitigés. Si certains professionnels, adeptes de l’éducation positive, remettent en question les vertus de cet isolement, d’autres ne sont pas de cet avis. Comme l’explique au Figaro Caroline Goldman, psychologue pour enfants, « des limites sont nécessaires pour éduquer un enfant ».

Selon elle, une autre forme de violence éducative est le laxisme qui entraîne des carences affectives. En d’autres termes, ne pas endiguer les pulsions agressives de nos bambins ne leur rend pas service et les envoyer se calmer seul dans leur chambre n’est ni violent ni injuste.

Quelles sont les alternatives à la sanction « file dans ta chambre » lors d’un conflit avec votre enfant ?

Si un conflit vous oppose à votre enfant, vous n’êtes pas obligé de passer par la case « file dans ta chambre » pour le résoudre dans la bienveillance. Afin que votre enfant continue à se sentir entendu et soutenu, vous pouvez utiliser quelques méthodes qui vous permettent de vous faire obéir sans avoir à crier ni à l’isoler :

Besoin ou caprice ?

Lors d’une énième crise de larmes, il est normal de se sentir exaspéré en tant que parent. Mais quelle est la cause réelle de ces pleurs ? Est-ce un simple caprice ou un besoin ? Pour vous faire passer certains messages ou émotions, les enfants n’ont parfois que les cris.

Réconfortez-le, rassurez-le et parlez-lui pour connaître la raison de son emportement. Parfois un problème rencontré à l’école ou lors d’activité extra-scolaire peut expliquer un mal-être qui se traduit par des caprices. Assurez-vous que rien ne perturbe votre enfant en lui posant des questions sur le déroulé de ses journées.

Filez dans votre chambre !

Si la sanction préférée de nos parents n’est bientôt plus préconisée par le conseil de l’Europe, vous pouvez tout de même l’appliquer à vous-même. Si vous sentez que vous perdez votre calme, n’hésitez pas à vous isoler quelques minutes pour respirer. Vous éviterez ainsi d’envenimer la situation ou de crier.

Exprimez vos émotions

Lorsque les émotions de l’enfant prennent le dessus, il peut réagir par des pleurs, des crises, des caprices ou tout simplement en vous manifestant son opposition de manière insupportable. Pour qu’il se sente soutenu et compris, n’hésitez pas à lui parler de vos propres émotions et à lui poser des questions. « Je suis triste moi aussi parfois », « je t’écoute et je suis là si tu veux me faire un câlin », « c’est normal d’être énervé dans cette situation ».

Ces phrases bienveillantes suffisent bien souvent à calmer les petits et à les réconcilier avec leurs émotions.

L’erreur est humaine, excusez-vous

Malgré tout l’amour et toute la patience du monde, il peut arriver de s’emporter face à un enfant en crise. Si vous perdez votre calme et criez contre votre enfant, isolez-vous un instant. À votre retour, pensez à vous excuser auprès de lui afin qu’il comprenne que les erreurs sont humaines et qu’elles peuvent être réparées.

Puis-je être sanctionné si je demande à mon enfant de filer dans sa chambre ?

Pour l’heure, la mesure évoquée par le Conseil de l’Europe n’a pas encore été mise en application. Si celle-ci rejoint le rang des autres violences éducatives ordinaires, les parents qui continuent d’utiliser cette méthode pour calmer leurs enfants ne seront pas pour autant sanctionnés.

En effet, ces mesures anti-punitives ont pour but de sensibiliser les parents aux effets néfastes des violences éducatives sur leurs enfants et non pas de les sanctionner pénalement.   

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